Quand on joue sur une scène, à quoi joue-t-on ?
Au théâââtre, à la représentation, au lever de rideau, au dévoilement, à la disparition, à la magie du spectacle, à commencer, à recommencer, à rater puis rater mieux, à faire face (au public, à la situation…) ?
Peut-on aborder LA boîte noire avec la même liberté de ton et le même esprit de détournement qu’un enfant, qu’un hacker, qu’un Marcel Duchamp ?
« Di aïe ouaille »
Le DIY (Do It Yourself = faire soi-même) est une notion issue du mouvement punk, consistant à fabriquer des choses soi-même pour échapper aux logiques habituelles de consommation : faire sa propre musique, organiser ses propres concerts, créer ses vêtements, sa presse (fanzines)… Revenue à la mode, cette notion est aujourd’hui élargie à d’autres domaines (musique libre, logiciels libres, bricolage, jardinage, cuisine, cosmétiques et produits d’entretien…), que ce soit par préoccupation écologique, économique, politique, esthétique… Par
plaisir et/ou nécessité.
Pour Nicolas Hubert, la notion de D.I.Y., fut un prétexte qui lui permit sans prétention, ni vu ni connu, de se rapprocher de l’acte artistique (par la bande dessinée et le rock, puis des études aux Beaux-Arts, et enfin par la danse et la chorégraphie). Ce D.I.Y. fut donc, l’air de rien, un acte fondateur.
Pour Giulia Arduca, italienne, le D.I.Y. résonne plutôt comme un goût du rapiéçage, de la réparation, du fait main ou fait maison, de la débrouille à l’italienne…
Pour nous deux, le D.I.Y. est une voie d’entrée ludique dans une volonté de questionner (et détourner) en profondeur - mais sans solennité - ce qui constitue les codes, outils et objets de la scène, de la représentation, et plus spécifiquement de la danse. Nous proposons à un jeune public une vision ludique et inventive du processus de création, en partant de ce qui est déjà présent dans l’espace de représentation, en donnant à voir les coulisses du métier, par le biais de détournements, recyclages, répétitions, variations…
Retrouver l’enfant
Travailleurs du « corps dansant » (danseurs, chorégraphes et
pédagogues), nous nous inspirons du DIY pour interroger nos modes
de création, production et médiation, et retrouver le plaisir d’une
fabrication artisanale de la mise en scène.
Nous tentons de retrouver l’innocence du premier geste, l’enfance de
l’art et cherchons à mettre en jeu un état de découverte, instantanée,
du processus de création en train de se faire, de s’inventer, de se
découvrir.
C’est donc plutôt dans une démarche de « maîtres ignorants », que
nous feignons de découvrir, en même temps que les jeunes spectateurs,
l’outil-théâtre, que nous connaissons pourtant bien. Pour ce faire nous
recherchons, temporairement, une amnésie salvatrice qui nous
permettrait d’envisager la boite noire en toute innocence, sans en
connaître les usages et bienséances.
Enfants, comme tout un chacun, nous avons été fascinés par la magie
du spectacle, nous avons joué à la création : faire vivre des objets, des
ombres et des lumières, apparaître et disparaître, prendre l’espace, se
mettre en scène.
Par ce duo nous interrogeons l’enfant qui est en nous, pour découvrir
de nouveaux possibles, pour transformer et inventer autrement aux
quatre coins du plateau.
Pourrait-on aborder LA boîte noire avec la même liberté de ton et le
même esprit de détournement qu’un enfant, qu’un hacker, qu’un
Marcel Duchamp ?
Pour l’enfant (partager - transmettre)
DIY est une création qui s’adresse aux enfants à partir de 6 ans, qui
nait de l’envie de transmettre le plaisir contagieux du faire par le corps
et avec le corps, d’être en recherche.
Mais comment ça marche ?
Nous avons souvent été confrontés à cette question enfantine.
Nous partageons lors du spectacle notre boîte à outils, en montrant
l’envers du décor, les coulisses du processus de création pour révéler ce
qui d’habitude est caché.
Nous ne cherchons pas à professer ni proférer un prétendu savoir, à
nous poser en spécialistes ni dévoiler des recettes, mais nous invitons
les jeunes spectateurs à être témoins de notre pratique qui pourrait
consister, pour citer Samuel Beckett, à :
❝ Essayer. Rater. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. ❞
Nous cherchons à transmettre la part artisanale notre travail, le plaisir
de confectionner du mouvement et de créer des hypothèses de mises
en scène.
Dans la chronologie se succèdent tour à tour plusieurs découvertes :
tout d’abord la lumière (par un jeux d’ombres avec des lampes de
poche, ensuite les projecteurs), puis le son, puis le public, pour
finalement lui consacrer nos recherches, lui dédier nos
expérimentations : nous découvrons donc en temps réel le b a ba de la
représentation, l’ABC de la dramaturgie, faisant face au public,
entrant et sortant de scène, esquissant une ébauche de danse…
(à suivre…).
Théâtre(s) - (LE théâtre, les théâtres)
Nous jouons avec deux différents aspects de la boîte noire : le théâtre
comme lieu universellement codifié de LA représentation (le Théâtre
avec un grand T), mais aussi le théâtre spécifique et unique que nous
occuperons à l’instant T, ce théâtre-ci, ici et maintenant, ce bâtiment
avec son histoire propre (souvent antérieure à son devenir-théâtre), lieu
de cette représentation, spécifique et unique elle aussi.
Détournements
Ainsi, en fonction de l’architecture et de l’histoire du lieu-théâtre, la
représentation peut être modifiée, adaptée de façon spécifique.
La boite noire du théâtre - page blanche du performeur - sera la base
d’une recherche sur le détournement : de notre outil principal (plateau), et des outils dans l’outil (pendrillons, patiences, perches, projecteurs,
portes-filtres, tapis de danse…), pour les associer à des nouvelles fonctions,
ouvrir un champ poétique, générer des micro-fictions.
Toutes les manipulations des objets se font à vue, et dans cet « esprit bricolage » du DIY qui nous anime ici.
La scénographie reposera essentiellement sur ce qui est donné
d’avance dans un tel lieu, sans apport extérieur, avec la contrainte que
rien ne se perde, que rien ne se crée, que tout se transforme.
Résidences de création :
1>5 octobre 2019 : Théâtre de Poche - Grenoble (TMG)
7>17 octobre 2019 : La Pratique - Atelier de Fabrique Artisque à Vatan (36)
22>26 octobre 2019 : Théâtre 145 - Grenoble (TMG)
15>23 avril 2021 : Théâtre 145 - Grenoble (TMG)
6>17 septembre 2021 : La Fonderie - Le Mans (72)
29 novembre > 18 décembre 2021 : Théâtre 145 - Grenoble (TMG)
Production : Cie épiderme & Cie Ke Kosa
Coproduction : TMG - Théâtre Municipal de Grenoble
Soutiens : La Pratique, lieu de fabrique artistique à Vatan (36), Le Pot au Noir, scène Ressource Isère (38), La Fonderie, Le Mans (72), Hors Limite(s) : résidence de création au studio de l’Association NA/Compagnie Pernette - Friche Artistique de Besançon (25).